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charistie.


Gerbert est fort succinct dans la seconde partio. Il s'y arrête particulièrement à faire sentir les inepties, comme il les qualifie lui-même, de ceux qui, pour appuyer l'opinion du Stercoranisme, abusaient de ces paroles de l'Evangile, au verset 17 du chapitre XV de S. Matthieu: Tout ce qui entre dans la bouche, descend, etc Il en prend occasion de rappeler le blasphème de quelques hérétiques qui prétendaient, à ce sujet, que Jésus-Christ avait ignoré la physique. Gerbert y fait aussi lui-même un peu le physicien, en expliquant la digestion. Il conclut enfin qu'il est absurde qu'un aliment spirituel, tel qu'est le corps de Jésus-Christ dans l'Eucharistie, soit sujet à la digestion et à ses suites. C'est, par conséquent, ditil, une nourriture pour l'homme intérieur. Que si

elle influe dans l'homme extérieur, il est de la piété de croire que c'est pour être le germe de sa résurrection au dernier jour. L'auteur fait paraître dans ce petit traité beaucoup de justesse et de solidité d'esprit. On n'y découvre rien, au reste, qui puisse faire juger si ce fut avant ou après son épiscopat qu'il y mit la main.

Nous en avons deux éditions. La première est due aux soins du P. Cellot, qui a publié l'écrit sans nom d'auteur, dans l'Appendice à son histoire de Gothescalc, avec un très-ample commentaire de sa façon. Au bout de près de quatre-vingts ans, dom Bernard Pez (ibid., p. 131-146) l'a fait réimprimer sur le manuscrit dont on a parlé, qui le donne à Gerbert comme à son véritable auteur.


14o On ne sait point non plus en quel temps notre écrivain composa un cantique sur le Saint-Esprit, qui avec son commentaire faisait autrefois partie des manuscrits de Thomas Bodlei, sous le nombre de 1406-10 (Cat. ms. Ang., t. I, part. I, p. 124, 1). L'inscription, à la vérité, lui donne le titre de pape; mais cette circonstance est équivoque, et ne suffit pas pour fixer le temps de l'écrit. Il n'y a, au reste, que ceux qui l'ont entre les mains qui puissent nous en donner une plus ample notice, et nous dire si ce cantique roule sur la procession du Saint-Esprit, sa divinité, ou ses opérations divines.

15o On compte au nombre des écrits de Gerbert les actes du fameux concile tenu à Saint-Basle en 991, pour la déposition d'Arnoult, archevêque de

Reims. Ce fut effectivement Gerbert qui les rédigea par écrit en qualité de secrétaire de l'assemblée. Il ne paraît point d'ailleurs qu'il y ait eu d'autre part que d'y avoir donné le style, qui est beaucoup au-dessus de celui de quantité d'autres écrits du même temps. On n'a pas cependant laissé de l'accuser d'y avoir inséré plusieurs choses de son chef. Mais c'est ce qu'il serait très-difficile de prouver, vu l'attention qu'on apportait dans cette sorte d'assemblées à en faire recueillir les actes dans leur intégrité. Baronius a néanmoins suppose (An. t. X, p. 869, 874, 881) que Gerbert s'était donné beaucoup de licence dans ceux dont il est question. C'est ce qui l'a mis en si mauvaise humeur contre lui, jusqu'à le maltraiter

d'une manière qui blesse également la politesse et la charité. La critique aussi aigre que vive qu'il a faite de ses actes est sans doute ce qui a détourné les collecteurs des conciles de leur donner place dans leurs recueils. On les trouve cependant imprimés non-seulement dans les Centuriateurs de Magdebourg, mais encore séparément en un volume in-12, qui parut à Francfort en 1600 chez les héritiers d'André Wechel avec ce titre: Synodus Ecclesiae Gallicanae habita Durocorti Remorum sub Hugone A. et Roberto Francorum rege. L'on y a ajouté une apologie de ce même concile, qui ne consiste qu'en quelques lettres curieuses de Gerbert. Les du Chesne ont aussi inséré la plus grande partie de ces actes parmi leurs Historiens de France (du Chesn. t. IV, p. 101-114).


16o Il y a de Gerbert (Conc. t. IX, p. 747-749) un discours qu'il prononça au concile de Mouson en 995, et dont il laissa copie à l'abbé Léon, légat du pape. On a dit qu'il s'agissait dans cette assemblée de la déposition de Gerbert, qui occupait alors le siége de Reims, et du rétablissement d'Arnoul. Le discours est une apologie éloquente et bien écrite, dans laquelle Gerbert expose de quelle manière et par quels motifs il avait accepté le gouvernement de cette Eglise, auquel il avait, dit-il, été destiné à la mort de l'archevêque Adalberon, et dont Arnoul l'avait dès lors exclu, en se servant de la voie de simonie.

Il est tout à fait surprenant que M. Cave (p. 512) ait douté que cet écrit existe quelque part. Nous

en avons au moins quatre éditions dans autant de recueils. Baronius lui a donné place dans ses Annales (ad an. 995, p. 893-895). Abraham Bzovius (Bzov. Vit. Silv. c. 21, p. 76-78) l'a fait entrer dans la Vie de notre pape, dom Marlot dans son Histoire de l'Eglise de Reims (t. II, l. I, c. 16), et le P. Labbe dans la Collection générale des conciles (Conc. ib).

17o Au discours précédent on joint un dialogue ou conférence de Gerbert avec le légat Léon au même concile. On en parle (CAVE, ib.; Rom. pont. Vit. t. I, p. 757.; DU PIN, Xe siècle, p. 148), peutêtre sans l'avoir vu, comme d'un fort bel écrit, différent du discours qui n'est point en forme de dialogue. Il y aurait eu par conséquent de la part de Gerbert deux écrits divers au sujet du concile

de Mouson; et il paraît par les caractères qu'on attache à celui dont il s'agit ici, qu'on ne peut raisonnablement en douter. Hugues de Fleuri, écrivain du XIe siècle (DU CHESN. t. IV, p. 143), a eu connaissance de ce dialogue de Gerbert, qu'il qualifie dispute, et dit qu'il se trouvait en entier parmi les gestes des archevêques de Reims. Trois autres auteurs (ID. t. III, p. 353; Conc. ib., p. 750; Spic. t. II, p. 735), qui ont suivi de près Hugues de Fleuri, et l'ont peut-être copié: un chroniqueur du même siècle, le continuateur d'Aimoin, et Clarius, moine de Saint-Pierre le Vif à Sens, attestent la même chose et ajoutent que cette dispute pouvait être d'une grande utilité, valde utilem. Mais il y a toute